Joueur 4
- Combien?
- Combien vous comptez en tirer, Mlle Joueur 3?
- Ca vaut cher. Je risque gros à divulguer ça.
- Vous croyez que je ne risque rien? 100.000 $ de confrérie.
- Hein? Ca vaut au moins le double!!
- Vous êtes libre de les vendre ailleurs.
Elle a vendu. À 100.000. Ce qu'elle vendait, c'était les plans des prothèses de l’enclave, et ça valait au moins le double même le triple. Mais ce n'était qu'une ingénieur, assez dégoûtée par l'attitude de sa patrie pour la trahir. Remarque, tu comprends que son patron ait pu lui faire des propositions indécentes... Illian Kaine de la confrérie t'a racheté les infos pour 350.000 $ de confrérie, un beau coup.
Malheureusement, c'était ton dernier.
Toi, c'est Joueur, Joueur 4. T'es né il y a à peu près 30 ans, quelque part sur cette foutue planète. De toute façon, ça n'intéresse personne. T'as vécu dans la rue, t'as appris à sentir la rue, les mouvements de la foule hétéroclite qui la peuple. Toute l'astuce est de fournir ce dont ils ont besoin, que ce soit de la dope ou un fusil d'assaut lourd, c'est pareil, il faut l'avoir au bon moment.
Le problème avec le commerce, c'est que c'est extrêmement dangereux. Tu vends un flingue à un looser dans la rue, qui dit qu’il ne va pas revenir te voir le lendemain pour récupérer son fric? Alors pour oublier le danger, t'as commencé à dealer des trucs bien plus dangereux. D'abord, les esclaves, c'est fun parce que si jamais les gardes du désert te découvrent, t'es foutu. Bon, mais les autres autorités, en fait elles s'en foutent, alors toi t'as été touché au top du top, les secrets militaires. Avec ça t'es vraiment sur la corde raide, en permanence. Arrange-toi pour que l'acheteur ne connaisse jamais ton vrai visage. Qui s'embarrasserait d'un intermédiaire qui peut encore parler? Mais le pire, c'est quand ceux à qui t'as piqué des trucs te découvre. C'est ce qui t'es arrivé.
Tu rentrais chez toi, peinard, l'esprit occupé par des détails de comptabilité, quand ils te sont tombés dessus. Eux, ils étaient quatre, en super-armures, armés de matraques à micro fusion. Tu t'es vaillamment défendu, et es tombé sous le nombre au bout d'au moins cinq secondes. Après, ils ont amené ta femme et tes deux gosses, 3 et 5 ans, et ils les ont tués, comme ça, alors qu'ils avaient jamais rien fait de mal. Tu t'es débattu vainement pour essayer de les sauver, t'as imploré tes bourreaux de les laisser partir, rien n'y a fait. Ensuite, ils t'ont assommé et amené dans un hangar. Quand tu t'es réveillé, t'étais attaché sur une table. Ils ont essayé de te faire parler, mais tu as tenu bon, tu avais plus rien à perdre et tu ne leur as rien dit à ces enculés. Puis un type est arrivé, un type une blouse blanche, un de ces enfoirés scientifiques à la con. Il s'est approché de toi, et tu as pu voir le badge de ce sadique, John Scarce. Il s'est approché encore, a fait courir le scalpel qu'il avait dans la main le long de ta gorge. Alors, il s'est occupé de ton crâne, qu'il a commencé à entailler profondément à l'aide de son instrument.
À ton réveil, tu étais seul, dans une ruelle sombre. Tu t'es levé, titubant, essayant de trouver de l'aide. Tu as croisé un homme. Soulagé, tu t'es approché de lui, tu voulais lui parler. Puis, pris d'une rage sanguinaire, tu lui as sauté au cou et lui as ouvert la gorge avec les dents. Tu t'es éloigné en tremblant, vomissant le sang que tu avais bu goulûment lorsque le flot écarlate avait inondé ton visage. Plus loin, tu as rencontré d'autres personnes. Tu les as toutes attaquées, mus par une force irrésistible. L'une d'entre elles a finalement réussi à te maîtriser et à t'assommer.
À ton réveil, tu étais seul, dans une petite chambre aux murs matelassés. Un homme est entré, une montagne de muscles surmontée d'un visage sans finesse. Tu es resté calme. Lui t'a mené au travers de couloirs silencieux, jusqu'à une petite cabine neuro-bidule. On t'a attaché et branché. Une vague de souffrance atroce a alors déferlé sur ton cerveau, emportant avec elle toute conscience. Des souvenirs affluaient, en même temps que la douleur. Des souvenirs de frustration, de tristesse et de rage.
Quand on t'a sorti de la cabine, tu avais à peine la force de marcher jusqu'a ta cellule. Aujourd'hui, ça doit faire cinq ans que tu es là. Là, c'est le centre de traitement psychiatrique au nord-est de San-Francisco. Tu as droit à trois rations nutritives et une séance de crame-cervelle par jour. Tu ne sais pas pourquoi ils te gardent. Espèrent-ils te forcer à révéler des informations lors de ces séances, ou alors étudient-ils les effets à long terme de la saloperie qu'ils t'ont implanté dans le hangar? Toujours est-il que tu es coincé ici, sans personne à qui parler. Tu n’as jamais croisé personne d’autre que les mêmes gardiens et lorsque qu’ils ouvrent la bouche, c'est pour t'ordonner de te taire. Tu en es venu à parler tout seul, chaque soir, dans ta cellule.
Aujourd'hui, ça semble aller plutôt mal, à l'extérieur. On entend des gens qui hurlent, des hélicos qui passent et qui tirent, ça explose de partout, que peut-il bien se passer? D'autre part, on t'a changé de cellule, aujourd'hui. C’est franchement étrange. La nouvelle est encore plus petite que l'ancienne, mais au moins tu peux examiner une nouvelle chambre, les distractions sont rares dans cet établissement. Ta philosophie:
Toi, t'es un mec cool. Enfin, tout au moins, c'est l'impression que tu veux donner. Dans la rue, ce qui compte, c'est l'attitude. Si t'as l'air nerveux ou pas sûr de toi, t'es sûr que le mec en face il va essayer de t'entuber. Il faut toujours conserver cette attitude, cacher tes émotions. Pas que t'en aies pas ou qu'elles soient honteuses, mais tout peut servir d'arme, dans un deal.
Ce que tu penses de:
Le monde: certains disent qu'il est pourri, mais toi, tu le prends comme il est. Apres tout, il y a encore matière à profits.
Les communautés militaires: c'est des enculées. Mais dans ta profession, il faut s'en accommoder.
Les femmes: ah, les femmes.... cinq ans, cinq ans que t'en as même pas vu une seule.
Les armes: c'est une marchandise dangereuse. Pour le vendeur, et pour le client. En vendre, c'est faire confiance à l’acheteur pour ta vie. Si il te piège, t'es dans la merde.
_________________ MJ: Ils arrivent aux portes du chateau avec un bélier !!! Un vrai ! Joueurs : [Mort de rire] MJ : Quoi ?
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